Loi battement de cœur : « récit d’une horreur », des femmes en danger au Texas.
L’adoption de la « loi battement de cœur » au Texas illustre la nécessité de poursuivre le combat pour l’émancipation de toutes les femmes.
Des dispositions oppressives et restrictives
Cela dure toute la vie, une révolution, c’est tout le temps à refaire. Le 1er septembre 2021 à minuit, le gouverneur républicain du Texas Greg Abbott a promulgué la loi anti-avortement la plus restrictive et oppressive du pays. Elle dispose d’une interdiction d’avortement dès lors que les premiers battements de cœur de l’embryon sont entendus soit à 6 semaines de grossesse. Passé ce délai, seules les urgences médicales vitales pourront être tolérées. Or, 85% des femmes ignorent être enceinte à ce stade, une pression accentuée pour les victimes de viols et d’incestes se retrouvant abandonnées et marginalisées par un cadre légal censé les protéger.
Un bras de fer juridique infantilisant, humiliant et dangereux
Le caractère anticonstitutionnel de cette loi alimente les nombreux recours à la Cour Suprême déposés par les militants et militantes féministes. Elle est en contradiction avec l’arrêt Roe w. Wade de 1973, aboutissement, d’une lutte entreprise par Norma McCorvey, défendant son droit à l’avortement contre le procureur du comté de Dallas (Texas) de l’époque. L’arrêt était une véritable victoire en tant qu’il interdisait aux états fédérés de promulguer des lois dérogatoires du droit commun au sujet de l’avortement et ce en vertu de la défense du droit constitutionnel à la vie privée. Ce bras de fer entre la combattante et les pouvoirs publics rétrogrades avaient aboutis à un délai de 24 semaines, inviolable sur l’ensemble du territoire américain.
Pour autant, les autorités texanes contournent le droit fédéral en ne chargeant pas les pouvoirs publics de faire pénalement appliquer la loi. Au contraire, tous citoyens, sans lien avec la femme désirant exercer son droit, peut poursuivre au civil l’ensemble des personnes ayant participé au processus abortif et obtenir un « dédommagement » de l’ordre de 10 000$. Cette disposition créé une véritable société de la délation, en violation avec le secret médical, la vie privée et infantilisante envers les femmes.
Cette dernière disposition menace l’ensemble de la communauté. « Notre équipe a peur d’être poursuivie, les infirmières, les assistant.e.s médica.ux.les, les conseill.è.r.e.s, ces personnes n’ont pas d’avocats ni les fonds pour les embaucher » explique Amy Hagstrom Miller, directrice de l’organisation Whole Woman’s Health qui gère 4 centres de soin au Texas. « Les équipes sont surveillées constamment, des manifestants sur les trottoirs aux appels harcelants jusqu’aux faux patients envoyés à la clinique ». A cause de cette pression, les personnels de santé démissionnent, réduisant alors l’ accès aux soins pour une pluralité de femmes, notamment les plus précaires, dépendant de ces organismes.
« Cette loi est à propos de nous tous », poursuit la directrice, « femmes, hommes, familles. C’est le récit d’une horreur ». Nous devons tâchés de nous rappeler que très vite, une société peut sombrer dans l’obscurantisme sous couverts de valeurs étant en totale contradiction avec la promotion des droits des femmes, des droits humains et universels. Il nous faut lutter, ériger des viaducs entre les combats anciens et actuels, afin de faire du droit à l’avortement non pas une possibilité mais une nécessité. L’Histoire nous regarde ; à l’heure où 15 pays interdisent encore l’avortement, que nos voisins européens tels que la Pologne, Andorre et le Vatican restreignent et interdisent ce droit crucial dans l’émancipation des femmes, la décision de l’Etat texan a des retentissements globaux. Notre réponse se doit de l’être tout autant.
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