Manifestations en Iran: la mort de Mahsa Amini embrase le pays
Crédit Photo: MidiLibre
Le 13 septembre 2022 restera dans les mémoires des Iraniennes, Iraniens, ainsi que toute la communauté internationale comme le jour d’un meurtre de trop provoquant la révolte des femmes en première ligne et des jeunes.
Arrêtée pour tenue « inappropriée » par la police des mœurs, la jeune femme Mahsa Amini meurt après trois jours passés dans le coma. Une immense douleur pour sa famille, pour le peuple iranien dans son entièreté, qui a depuis choisi les voies de la lutte pacifique pour exprimer son refus de l’injustice .
La mort au prix d’une mèche de cheveux
Le 13 septembre 2022, Mahsa Amini visite la capitale iranienne accompagnée de sa famille. Cette jeune femme originaire de la province du Kurdistan est, comme toutes les femmes iraniennes, recouverte du voile islamique obligatoire depuis la loi de 1983. En effet, toutes les jeunes filles âgées de plus de 7 ans doivent porter le hijab afin de dissimuler leurs cheveux. Le non-respect de cette règle entraîne une infraction au Code Pénal suivie de sanctions. Selon le Comité de soutien aux droits de l’Homme en Iran, toute iranienne « vue en public sans foulard est passible d’une arrestation, d’une peine de prison, de la flagellation ou d’une amende ». Depuis l’élection du président ultraconservateur Eyrahim Raïssi, la loi a été durcie. Ainsi, depuis le 5 juillet le voile islamique doit également couvrir le cou et les épaules. Si elles veulent échapper à l’arrestation, à la peine de prison voire à la flagellation, les femmes iraniennes doivent se conformer à ces injonctions. Le corps des femmes dans l’espace public est considéré comme un lieu de légifération et de domination.
Lorsque Mahsa Amini marche dans les rues de Téhéran ce jour-là. Le voile islamique recouvre son cou et ses épaules. Ses chevilles sont couvertes et ses poignets dissimulés sous une veste en jean. Seule une mèche de cheveux dépasse du lourd tissu noir. Une mèche pour laquelle elle est immobilisée par la police des mœurs, battu jusqu’au traumatisme crânien. Elle souffrira de trois jours de coma avant de mourir des suites de ses blessures.
La négation du Gouvernement iranien
Le pouvoir central iranien nie toute implication dans la mort de Mahsa Amini, avançant la thèse d’un accident. Pourtant, cette version est jugée irrecevable par une partie importante de la population iranienne. Depuis le 16 septembre, de nombreuses iraniennes et iraniens se réunissent dans la rue afin de faire reconnaître la responsabilité du Gouvernement patriarcal d’assassinat. Le mot d’ordre « Femme, Vie, Liberté » est scandé continuellement par les manifestants et manifestantes qui retirent leur voile, brûlent le tissu symbole de soumission, se filment en train de se couper les cheveux et détruisent les portraits des figures religieuses.
Toutes ces actions héroïques dans un pays où une cheville découverte peut coûter la vie sont sévèrement réprimées. Plus de 1200 personnes ont été arrêtées depuis deux semaines et 57 personnes sont mortes selon l’ONG Iran Human Rights basée à Oslo. Les manifestations en Iran ne sont pas rares. Déjà en 2019 la population était descendue dans les rues afin de protester contre la corruption du régime. 300 personnes avaient alors été tuées en 3 jours. Néanmoins, cette fois-ci « ce qui se passe ne peut être réduit à des manifestations », selon un sociologue de Téhéran ayant choisi de rester anonyme. « l’Iran connaît un phénomène continu, large et généralisé où les contestataires n’hésitent pas à répondre à la violence des forces militaires par la violence. Nous assistons à un soulèvement ».
Le meurtre de Mahsa Amini fut l’élément déclencheur d’un soulèvement pour les femmes portés d’abord par les femmes elles-mêmes et particulièrement par les jeunes femmes et les jeunes hommes entrainant une partie importante de la société. Selon une manifestante de Téhéran interrogée par Le Monde « la rue est vivante. Le fatalisme et la torpeur qui se sont abattus sur nous après 2019 ont disparu. Les jeunes sont bluffants, filles et garçons, ils sont d’une telle audace et d’une telle énergie qu’ils entraînent avec eux les plus vieux. Cette fois-ci j’ai de l’espoir (…) je me bats, je meurs, je récupère l’Iran »
Des manifestations de soutien ont lieu dans le monde entier !
Soutenons la lutte courageuse des femmes iraniennes pour leur liberté et pour leurs droits !
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