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Une protection défaillante: le bilan alarmant des féminicides (2/2)

Une protection défaillante: le bilan alarmant des féminicides (2/2)

septembre 16, 2022

La publication du rapport gouvernemental relatif aux morts violentes dans le couple a provoqué de vives réactions de la part du Gouvernement. Isabelle Rome, Ministre Déléguée à l’Egalité Femmes-Hommes a ainsi dévoilé deux mesures prioritaires afin de répondre à l’augmentation de 20% de féminicides enregistrée pour l’année 2021.

Les mesures d’Isabelle Rome: « pack nouveau départ » et mission parlementaire

Les mesures gouvernementales annoncées agissent sur deux axes: prévention et accompagnement:

  • La mise en œuvre d’un pack nouveau départ: dispositif consistant à mutualiser dans un même endroit l’ensemble des services d’accompagnement d’une femme victime de violences du dépôt de plainte à la réinsertion dans le marché de l’emploi et la formation.
  • La mise en œuvre d’une mission parlementaire permettant d’améliorer les dispositifs,  pratiques des services sociaux et renforcer la communication intersectorielle.

A cet égard, E. Ronai préconise la création de pôles spécialisés où l’ensemble des magistrats, policiers et juges travaillent ensemble sur les contentieux relatifs aux violences conjugales et intra-familiales. Or, afin que cela fonctionne, les personnels doivent être « formés, volontaires et sélectionnés ». Il n’est pas suffisant de créer des tribunaux spécialisés, tel que cela est fait en Espagne, alors même que les personnels n’ont pas reçu de formation adéquate sur le sujet. De même, selon E. Ronai, l’impulsion politique permise par ces déclarations d’Isabelle Rome peut favoriser le recours plus massif aux Ordonnances de Protection. En effet, dans la loi, l’ordonnance est conditionnée aux preuves de « violences vraisemblables et exposition au danger ». Ainsi, en appliquant le principe de précaution, une ordonnance de protection pourrait être délivrée avant que la victime ne se retrouve en danger de mort imminente. Aujourd’hui, seulement 3700 ordonnances de protection ont été accordées « Un chiffre qui devrait être multiplié par 10! » selon E. Ronai. L’Espagne, l’un des rares pays où le nombre de féminicides a baissé durant les 8 dernières années, accorde 29 000 ordonnances de protection.

Malgré l’existence des outils nécessaires, nous resterons en retard sur la lutte contre les violences faites aux femmes tant que l’ensemble des partenaires sociaux n’auront pas été formé au principe de précaution; tant que la sanction outrepassera la protection.