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ANNULATION ROE V. WADE: un immense rétropédalage pour la liberté des femmes

ANNULATION ROE V. WADE: un immense rétropédalage pour la liberté des femmes

août 11, 2022

Source : Al Jazeera.

Dans un avis rendu le vendredi 24 juin, la Cour Suprême des Etats-Unis, plus haute juridiction du pays démantèle le droit fédéral à l’avortement. Protégée depuis l’arrêt Roe v. Wade de 1973, l’interruption volontaire de grossesse vole en éclat et s’écrase aux pieds d’une Cour conservatrice, archaïque et soumise aux lobbies religieux.

Protéger la vie des femmes : retour sur la décision Roe V. Wade

A l’aube des années 70, la Cour Suprême des Etats-Unis est saisie dans l’affaire opposant Norma McCorvey (sous le pseudonyme de Jane Roe) au procureur de Dallas et représentant de l’Etat du Texas Henry Wade. Ultraconservateur, cet Etat du sud des Etats-Unis interdit l’avortement sauf en cas de péril pour la vie et la santé de la mère. Par l’intermédiaire de son avocate Sarah Weddington, Jane Roe défend le manque de précision de cette loi, arguant que la santé des femmes est un continuum allant du péril vital à l’intégrité psychologique et émotionnelle.

Par la mobilisation de ces deux femmes soutenues par une société civile engagée, l’interruption volontaire de grossesse devient un droit constitutionnel car conforme aux principes fondateurs des Etats Unis. Sept juges sur neuf reconnaissent que le respect de la vie privée garantie par le 14ème amendement s’applique également aux femmes désirant avorter. Néanmoins, des restrictions sont posées. Si les Etats fédérés ne peuvent imposer aucune restriction à l’avortement au premier trimestre, ils peuvent le faire pour raison médicale dès le second trimestre et l’interdire totalement au troisième semestre ; exception faite lorsque la femme est soumise à un danger mortel.

S’il est considéré comme l’un des arrêts les plus politiques de la Cour Suprême, la décision Roe v. Wade vise par-dessus tout à faire de l’avortement une question purement médicale. Qu’il soit autorisé ou non, l’avortement sera toujours pratiqué. Il restait à savoir si l’on était en faveur de la protection de la santé des femmes au cours de ces interventions. La non-reconnaissance du droit à l’avortement, la voici la principale mise en danger du corps des femmes qui s’opère par tringles à rideaux, cintres, chutes volontaires et autres pratiques dangereuses.

Le drame patriarcal : l’annulation de l’arrêt

Si cette décision choque par sa brutalité, dès les années 70, les autoproclamés « pro-vie » s’opposent à la liberté des femmes à disposer de leur corps. Ils recourent à des pratiques violentes et illégales : meurtres de praticiens, saccages de cliniques, harcèlement de femmes… En se constituant comme lobby, ils sont également devenus un groupe de pression influençant l’extrême-droite et la droite républicaine américaine. Cette dernière, par stratégie politique instrumentalise la religion à des fins électorales. Les questions d’avortement servent en effet à mobiliser l’électorat protestant, évangélique, catholique. L’IVG, médicale dans la Constitution devient un sujet clérical pour la droite américaine.

Ce sont ces derniers qui doivent être condamnés et combattus. Ce revirement constitutionnel constitue un retour en arrière civilisationnel, il sera responsable des milliers de mortes à venir, de la détresse des femmes et des filles qui, violées, malades, précaires, non-préparées, devront continuer leur grossesse. Donald Trump, par la nomination de 3 juges ultraconservateurs à la Cour Suprême (Brett Kavanaugh, Amy Coney Barrett ainsi que Clarence Thomas) s’est rendu en parti responsable de ce rétrograde.

L’heure de la mobilisation internationale

Le coup porté le 24 juin est l’expression de la nécessité de notre action. Nous condamnons cette décision. L’abrogation de Roe v. Wade témoigne de l’éternelle nécessité de poursuivre la lutte relative aux droits et aux libertés des femmes partout dans le monde. L’atavisme et le conservatisme sont présents en Occident et nous devons poursuivre les luttes de générations entières de femmes afin de préserver leurs acquis  et faire triompher de nouvelles libertés.

 Pour justifier l’annulation de l’arrêt, l’opinion majoritaire rendue par la Cour affirmait que le droit à l’avortement n’est pas « profondément enraciné dans l’Histoire ou la tradition » de la nation américaine, allant même jusqu’à dire que l’avortement n’était pas un droit au moment de la ratification de 1868 et qu’il est donc anticonstitutionnel de le défendre. Ce même document condamnait les mariages mixtes, prônait la ségrégation, l’homophobie et la haine de l’autre.

Selon Le Monde, 40% des femmes en âge de concevoir vivent dans des Etats où l’accès à un avortement légal et médical est restreint ou interdit, portant alors à 25 millions le nombre d’IVG dangereuses dans le monde, si bien que l’avortement est la troisième cause de mortalité maternelle au niveau global. Egypte, Sénégal, Madagascar, Suriname, Nicaragua, Salvador, Andorre, Vatican, Malte, cette honteuse liste demeure trop longue.

 En France, l’accès à l’IVG est au cœur du débat public, alors que les conservateurs de droite et d’extrême-droite prônent des restrictions. Mais la restriction est déjà un pas vers l’interdiction future. Il nous faut protéger ce droit avec la mobilisation des femmes, des associations féministes et l’ensemble des processus institutionnels que nous avons à notre disposition. L’Egalité c’est pas Sorcier se joint à l’ensemble des mouvements féministes défendant la constitutionnalisation du droit à l’avortement. Nous sommes fières de refuser tous les retours vers le passé et de défendre l’espoir de conquête de nouvelles libertés ouvertes vers le futur.

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