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Dressons-nous contre le féminicide!

Dressons-nous contre le féminicide!

novembre 19, 2022

En ouverture du 20ème anniversaire de l’Observatoire des Violences Faites aux Femmes de Seine-Saint-Denis, une chorale féministe composée d’agentes du Conseil Départemental ont porté un message musical fort. L’art permet d’appréhender les vies brisées et interrompues par la violence. Ainsi, la Cancion Sin Miedo, (Chanson sans peur) chantée par les agentes du département était une véritable communion collective. Ecrite par Vivir Quintana, militante féministe mexicaine, ce chant est une adresse aux pouvoirs publics, à la société dans son ensemble ; un appel à la mobilisation.

Les féminicides : un problème mondial

Le terme féminicide a été inventé pour la première fois au Mexique alors que le pays était en proie à des chiffres en constante augmentation.

C’est à Ciudad Juarez, à la frontière mexico-américaine que le mot est imaginé pour désigner une série d’assassinats touchant exclusivement des femmes. Entre 1993 et 2008, 1 653 cadavres ont été retrouvés. Ces femmes, jusqu’alors portées disparues sont retrouvées mutilées et portent des traces de violences sexuelles. Ce sont d’abord les travailleuses en situation de grande précarité qui sont touchées. La majorité de ces femmes étaient employées dans des maquiladoras, usines de groupes internationaux construites à la frontière. En outre, selon la médiatrice Patricia Gonzalez, 30% des féminicides sont liés à l’emprise de la mafia de la drogue et de la prostitution.

En 2020, chaque jour, plus de 10 femmes étaient tuées au Mexique. La grande majorité des bourreaux sont les partenaires ou les ex-compagnons. En tout, ce sont 3 723 femmes qui sont décédées d’une mort violente mais seulement 940 cas qui ont été instruits en tant que féminicides. Ainsi, la complaisance des autorités est régulièrement dénoncée par les mouvements féministes. Selon la commission nationale destinée à prévenir les violences contre les femmes CONAVIM, 94% des cas font l’objet d’un non-lieu. Ce sont d’abord les grandes failles provoquées par la négligence des autorités qui causent ces chiffres. « Des preuves sont perdues, toutes les pistes ne sont pas explorées, la dimension de genre n’est pas correctement appliquée » dénonce Lola Schulmann, chargée de plaidoyer sur les droits des femmes à Amnesty International.

Au-delà des frontières mexicaines, les féminicides incarnent la violence des sociétés patriarcales à l’égard des femmes dans de nombreux pays. En Corée du Sud, plus de la moitié des victimes d’homicides sont des femmes. Pourtant, le 6 octobre 2022, le Gouvernement a décidé de dissoudre le Ministère de l’Egalité et le Président de la République Yoon Seok-Youl a fait campagne sur la dissolution des groupes féministes qualifiés de « radicaux ».

En France, en 2021, 122 femmes ont été tuées par leur conjoint. Un chiffre en hausse de 20% par rapport en 2021. Les luttes féministes et la mobilisation des institutions ont permis une meilleure caractérisation. A ces chiffres il faut ajouter les nombreux cas de suicides forcés résultant du contrôle coercitif psychologique imposé par le bourreau à la victime. En 2020, plus de 200 femmes sont ainsi mortes des suites de violences conjugales.